HISTOIRE DE LA TELEVISION
(et de quelques autres médias)
Site édité par André Lange

En 1890, Anatole France a quarante six ans et sa réputation est déjà bien établie après les succès de Thaïs et du Crime de Sylvestre Bonnard.. Il tient chronique dans L'Univers illustré, magazine de culture générale.

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Dans cet article, il rend compte du chapitre détaillé qu'Emile Desbeaux, consacre au téléphote, dans son ouvrage La Physique populaire, qui vient de paraître. (Gallica le date par erreur de 1891), Le téléphote décrit par Desbaux est très largement inspiré des propositions que Lazare Weiller a formulée en 1889. Il s'agit d'un vidéophone, permettant de voir son interlocuteur, plutôt que d'un système de télévision.

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Anatole France reprend un thème classique - celui d'une "grande douceur" pour les deux amants absents, pouvant désormais se voir à distance -, mais se démarque de la figure de l'émerveillement qui caractérise les discours sur les progrès scientifiques dans les années 1870-1880. Le téléphote ne supprimera pas l'absence et "peut-être que les femmes ne seront pas jolies dans le téléphote". Il pointe la rapide accoutumance des hommes aux innovations technologiques. "Pour ma part, je suis déjà accoutumé au téléphote : depuis deux heures que j'en connais la théorie, je regarde sans surprise. Il n'existe pas encore et je l'ai déjà vécu".

 

Pour l'écrivain, les technologies ne changent rien aux passions humaines.Elles apportent des facilités mais pas un complément de bonheur. En concluant "Les fils de fer qui bientôt couvriront la terre comme une toile d'araignée ne nous donneront pas un sens de plus : l'électricité ne rendra ni la chair plus exuise,ni l'âme plus sublite" Anatole France se démarque également du discours sur le téléphone et le télectroscope en tant que prothèse du corps humain qu'avait initié Adriano de Paiva en 1878 et que Raphaël Eduard Liesegang allait reprendre l'année suivante dans ses Beitrage zum Problem des elektrischen Fernsehens.

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André Lange, 24 mai 2023.