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Jules Armengaud, dit "Armengaud jeune", "accoucheur des inventions", promoteur et inventeur français de la vision à distance

Le nom de Jules Armengaud, dit "Armengaud jeune" (1842-1921) figure dans quelques histoires de la télévision (Shiers, Abramson) pour l'appareil de vision à distance qu'il a présenté en 1908. L'importance de cet appareil est relativement anecdotique par rapport à la carrière de ce polytchnicien, promoteur de la protection de la propriété industrielle, mandataire français de quelques grands inventeurs (entre autres Graham Bell, Clément Ader, Nicolas Tesla) et d'inventeurs moins célèbres mais qui ont fournit les premiers brevets français relatifs à la vision à distance (Arrmand Suaire, François Dussaud).

 

Un jeune polytechnicien brillant

Né le 12 juin 1842, Jules-Alexis Armengaud est le fils de Charles-François Armengaud (1813-1893) (le premier "Armengaud Jeune") et le neveu de Jacques-Eugène Armengaud (1810-1891), tous deux ingénieurs de renom, et qui furent notamment les fondateurs en 1836 d'un bureau de gestion des brevets d'inventeurs. Ce bureau aide les inventeurs pour la confection des dessins et les descriptions relatives aux brevets d'invention. Les deux frères sont également fondateurs de la revue Le Génie industriel.

Jules Armengaud concourt à la fois pour l'Ecole polytechnique, l'Ecole centrale et l'Ecole normale. Il choisit l'Ecole polytechnique, qu'il termine en 1862. Dès cette année il officie comme ingénieur-conseil dans l'agence paternelle et publie des ouvrages usuels à destination des inventeurs. Il participe à la guerre franco-prusienne comme lieutenant dans le corps franc d'artillerie. A la fin de la guerre il est nommé capitaine commandant  au 2ème Régiment territorial d'artilerie.

 

Après des voyages à l'étranger, il devient en 1869 l'associé de de son père dont il prend la direction du cabinet de brevets en 1878. Comme son père est également parfois désigné comme "Armengaud jeune", il est est difficile de savoir qui est désigné lorsque les mandats portent le nom "Armengaud jeune". Dans les publications de la fin des années 1870, il est désigné comme "Armengaud jeune fils".

 

Il s'affirme comme un acteur important de représentant des événements internationaux dans le monde de l'innovation technologique. Il fait partie du Congrès international de la propriété industrielle tenu à Paris du 5 au 17 septembre 1878. Il est membre des comités d’admission, d’installation et du jury des récompenses à l’Exposition de Paris en 1878 et du jury des récompenses à l’Exposition d’Anvers en 1885. 

En 1874, il créé avec Paul Giffard une "machine à froid" expérimentale qui produit de la glace. (L’Industriel de Saint-Germain-en-Laye,  11 avril  1874). Le 15 février 1878 il  fait une communication à la Société des ingénieurs civils une communication sur les moteurs à gaz.

Le mandataire de Graham Bell en France

Son intérêts pour les applications de l'électricité au domaine de la communication s'affirme à la fin des années 1870. Dès février 1878, il publie un article "L'application du téléphone a l'aéroautique" dans  L'Aéronaute, revue dirigée par Hureau de Villeneuve et dont il est membre du comité de rédaction.  En 1879, il figure avec le Baron Rotschild, parmi les six premiers abonnés à la Société de téléphones que vient de créer à Paris M. Cochery. (L'Echo de Paris, 30 janvier 1930).  

 

Il est un des premiers professionnels français à envisager la perspective de la transmission électrique des images.

 

Il a l'occasion d'accueillir Graham Bell à Paris lorsque celui-ci vient présenter son photophone et il est le mandataire de Bell pour son brevet français relatif à cet appareil.  Le 19 novembre 1880 il fait à la Société des ingénieurs civils un exposé sur le photophone, qui sera jugé "remarquable". Il évoque dans ce cadre les premières hypothèses de transmission des images par recours aux propriétés du sélénium et des miroirs oscillants.​ Cette contribution peu connue confirme la légitimation de l'hypothèse de la vision à distance par l'électricité que Théodore du Moncel avait été le premier à porter dans le monde institutionnel des électriciens et des ingénieurs. Mais alors que du Moncel s'en tenait à des considérations sur l'hypothèse du recours au sélénium, Armengaud va plus loin en évoquant les travaux de ses collègues Marcel Deprez et Maurice Leblanc sur les diapasons à miroir de Lissajous. Armengaud avait probablement déjà connaisssance de l'article de Maurice Leblanc "Etude sur la transmission électrique des impressions lumineuses", qui devait paraitre deux semaines plus tard dans La lumière électrique. Il est intéressant d'apprendre, par le témoignage d'Armengaud, que des électriciens aussi importants que Marcel Deprez (1843-1918), qui travaille à l'époque sur le transport d'électricité à longues distance et Antoine Bréguet 1851-1882), spécialiste de la dynamo de Zénobe Gramme se sont intéressé à la question de la vision à distance. Même si on leur connaît pas de contribution publiée, cela indique, si besoin en était encore, que, dès cette époque la question était loin de n'intéresser que des outsiders comme le notaire Senlecq. Notons cependant que Bréguet avait lu et commenté la brochure La téléscopie électrique d'Adriano de Paiva. Dans son article "Le photophone de Bell", La Revue scientifique, 25 septembre 1880 il ironisait sur la prétention du professeur portugais dans la présentation d'un soi-disant appareil, tout en reconnaissant que "l'idée première pouvait se défendre".

Notons que, curieusement, Armengaud utilise le terme télespectroscope plutôt que le télétroscope qu'avaient lancé l'Abbé Moigno et Louis Figuier.

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Jules Armengaud étudiant à l'Ecole Polytechnique 

(Source : Archives de l'Ecole polytechnique)

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Publicité pour un des ouvrages de Jules Armengaud, Le Siècle, 10 octobre 1860

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L'Aéronaute, Bulletin mensuel illustré de la navigation aérienne, 1878. Armengaud jeune est membre du comité de rédaction.

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Brevet français du photophone de Graham Bell; dont Armengaud jeune est le manadataire (1880)  (Archives INPI)

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Marcel Deprez

Antoine Bréguet

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BREGUET A., "Le photophone de Bell",
La Revue scientifique, 25 septembre 1880,

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Le phenakitiscope de Joseph Plateau 

Source : Noel Collection

Il ne fait guère de doutes que Jules Armengaud, profiatnt de sa position d'observateur privilégié, était également un investisseur. Il est notamment mentionné, en 1910, comme actionnaire de la Compagnie Générale pour le Commerce, l'Industrie et les Mines en France et à l'Etranger (Gazette des Tribunaux, 27 janvier 1910).

Il décède le 6 mars 1921, à l'âge de soixante-dix-neuf ans et est inhumé au cimetière du Père Lachaise. (Musial, Geneanet). En lui rendant hommage, l'avocat Ferdinand Mainié, Président de l'Association des inventeurs et artistes industrielles rappelera qu'Armengaud aimait à se définir comme l'"accoucheur des inventions".

Bibliographie 

Sur Jules Armengaud

Sur l'appareil de vision à distance

André Lange 6 août 2024, mise à jour, 11 août 2024, 8 septembre 2024

Le 1er avril 1881 Armengaud présente devant cette même Société des ingénieurs civils un rapport substantiel sur l'installation et exploitation des lignes téléphoniques, qu'il termine par ue considération lyrique 

 

"Rien n'empêche que le réseau téléphonique, en s'étendant plus loin encore, ne couvre chaque continent, et, traversant les mers, n'embrasse le globe terrestre tout entier  Lorsque; ce jour; sera arrivé, lorsqu'on pourra ainsi se parler d'un bout du monde à l'autre, lorsque, quelle que soit la distance qui les sépare, deux êtres chers l'un à l'autre pourront se faire entendre le timbre et même le souffle de leur voix, leurs rires comme leurs sanglots, ne pourra-t-on pas dire que le téléphone a véritablement supprimé l'éloignement, cette tristesse de la vie, et qu'à ce titre surtout, l'auteur de cette découverte doit être considéré comme un des bienfaiteurs de l'humanité".

Président du Comité d'organisation de l'Exposition internationale d'électricité de 1881

Selon certains, il est à l'initiative, dès 1876, du projet d'Exposition internationale d'électricité, dont il avait envisagé l'organisation dès l'année précédente avec Hallez d'Arras. Mais il n'apparaît pas en tant que tel dans le récit officiel dans le récit officiel d'Ad. Cochery, Minsitre des Poste et Télégraphes (Les grandes usines, 1882). Il est nommé en février 1881 membre de la Commission technique dans l'organisation de l'Exposition internationale d'Electricité de Paris, puis Président du Comité d'organisation.  Il contribuera à l'édition de publications et des comptes rendus de cet événement. Rappelons que c'est dans le cadre de cette exposition que Shelford Bidwell fit ses démonstrations de téléphotographie et que l'idée de la vision à distance commence à s'installer, stimulant l'imagination d'un Victor Hugo ou d'un Albert Robida.

Mandataire des inventeurs et expert international sur la protection de la propriété industrielle

Dans les années 1880, Armengaud jeune se fait plus discret et semble avoir été surtout occupé par ses activités d'ingénieur-conseil. Alors qu'entre 1870 et 1879 le cabinet paternel avait géré quelque 2990 brevets, ce nombre passe à 6659 por la décennie suivante.et à 6749 pour les années 1890-1899. Jules Armengaud est notammment le mandataire de Clément Ader pour son brevet de système de réseau théâtral téléphonique (1881).  Ader quittera son ancien mandataire Olivier Barrault et continuera à travailler avec Armengaud pour ses brevets en matière d'aviation (Carnino, 2013). Armengaud comptera parmi ses clients Lazare Weiller pour l'important brevet relatif à la fabrication des fils pour les transmissions électriques qui fera la fortune du futur théoricien de la roue à miroirs  et, à partir de 1895, Léon Gaumont et sa société pour leurs brevets en matière de cinématographie. Nikola Tesla lui confiera pas moins de dix-huit brevets entre 1888 et 1901.

Il est reconnu comme un des principaux experts en matière de propriété industrielle. En 1873 au Congrès, de la propriété industruelle de Vienne il propose, en alternative à l'idée d'un brevet international proposé par certains, la conclusion d'un traité général entre les Etats intéressés, tout en réservant à chaque pays la faculté d'organiser cette protection conformément à ses vues économiques et juridiques personnelles. La proposition d'Armengaud fut retenue par le Congrès qui décida la conclusion prochaine d'une union internationale, réalisée  en 1883, sous le vocable de Convention internationale de Paris. (Jacq, 1912)

 

Armengaud Jeune est membre du Comité d'organisation du Congrès international de la propriété intellectuelle (Paris, 5-17 septembre 1878) et ses travaux sont cités dans le processus d'élaboration de la Convention d'Union pour la protection de la propriété industrielle du 20 mars 1883 et des conférences de revision postérieures. (Pelletier et Vidal-Naquet, 1902). outre Vienne et Paris, il participera également à des Congrès à Londres, Amsterdam, Berlin et Liège. 

 

En 1884, il rédige un rapport au nom de l'Association des Inventeurs et Artistes Industriel qui est adressé aux ministres du Commerce, Alexandre Millerand et suggère de choisir le Conservatoire des Arts et Métiers comme le centre des Services de la Propriété industrielle. (Mémoires de la Société des ingénieurs civils de France, 1901, p.629)

En 1883, il visite l'Exposition internationale d'électricité à Vienne et rédige avec M.L. Vanoni un rapport sur celle-ci. 

 

En 1882, il devient, après la mort d'Antoine Bréguet, Président de la Chambre syndicale d'Electricité. (Bulletin de la Société internationale des électriciens, 1884) et propose la création de la Société des électriciens, instituée en 1883. (Société des électriciens, 1883). Il préside en 1884 le Comité éditorial de la revue L'Electricité, mais sa "personnalité absorbante", le fait qu'il soit "candidat à toutes les présidences" finit par lasser et cette revue lui consacre le 28 février 1885, en première page, un éditorial féroce, l'accusant de servir en réalité les intérêts de la Société générale des téléphones au détriment des constructeurs. Créée en octobre 1880, la Société générale des téléphones avait obtenu un monopole de fait pour construire et exploiter en France les réseaux urbains téléphoniques, au moins jusqu’en 1884. Elle possèdait la quasi-totalité des brevets déposés en France dans les domaines de la téléphonie, dont ceux de Clément Ader, gérés par Armengaud. Avant même la parution de la charge de L'Electricité Armengaud avait démissionné de la Présidence de la Chambre syndicale.(L'Electricité, 7 mars 1885)

Activités politiques

En 1880, il accepte la foncton d'adjoint au Maire du Xe arrondissement et préside la Commission scolaire. En 1884, il est élu conseiller municipal de Paris dans le Xe arrondissement, classé "opportuniste" par la presse. Selon Le Figaro (12 mai 1884), "il s'est déclaré opposé à la laïcisiation, à la Commune et à toutes les sottises radicales." Il s'occupe des questions de transports en commun (omnibus, tramways, aménagement de la Gare Saint-Lazare) et de voiries. Il ne se représente pas en 1887.

 

En dehors des questions relatives à la propriété industrielle et d'incitation à la recherche et à l'expérimentation, il semble s'être tenu à l'écart des questions politiques, préférant rester un "homme d'influence". Néanmoins, en octobre 1899, il signera la "onzième liste" de soutien au Capitaine Dreyfus (Le Siècle, 6 octobre 1899). En 1907 il posera sa candidature au Sénat après le décès du chimiste Marcelin Berthelot mais la retirera quelques jours avant l'élection. 

Prioposition de réforme de la loi de 1844 sur les brevets d'invention

Il est membre du Comité d'installation de l'Exposition universelle de Paris de 1889, mais son rôle paraît avoir été relativement marginal. Il est rapporteur de la Classe 57 sur le matériel et les procédés de la confection des objets de mobilier et d'habitation. (Comités d'installation, 1888).

En 1892, Armengaud  est à l'initiative d'une pétition de la Société des ingénieurs civils (dont il est ancien président) proposant que la loi de 1844 sur les brevets d'invention soit amendée en vue de permettre aux inventeurs d'obtenir une dérogation permettant de protéger le secret de leur invention en cas d'intérêt pour l'armée ou la défense nationale (Le Temps, 2 juin 1894, Le Siècle, 8 juin 1894). Cette proposition avait été formulée dans le contexte de l'affaire Turpin, ce chimiste accusé d'espionnage pour avoir vendu à l'étranger sa découverte en matière d'explosif (Galver-Béhar, 2020). La question concernnait surtout les inventions en matière d'armement, mais on peut imaginer qu'Armengaud avait bien conscience de l'importance stratégique en matière de télécommunications. Le 5 juin 1894, Armengaud est interviewé par Le Gaulois au sujet de la protection de l'invention de Turpin et met à nouveau en évidence les faiblesses de la loi de 1844. Il le fera enore dans une lettre au journal Le Temps, le 3 août 1894.

L'action lancée en 1894 n'aboutira que huit ans plus tard avec la loi du 11 avril 1902, dont l'article 11  n'est pas aussi précis que ce qu'avait suggéré Armengaud.

La vision à distance proposée pour l'Exposition universelle de Paris en 1900

Ce mois de juin 1894 est également celui du début du processus d'organisation de l'Exposition universelle de Paris. Armengaud a proposé que pour obtenir des "clous", les organisateurs organisent des concours. Il rappelle que l'Exposition de 1878 a consacré le téléphone et celle de 1889 les applications de la lumière électrique. Il propose l'organisation de concours autour de trois thèmes : la transmission de la vision à distance, la photographie des couleurs sur papier et l'éclairage électrique sans foyer par la lumière froide à l'aide des ondulations électriques de haute fréquence. (Le XIXe Siècle, 14 juin 1894, Le Siècle, 14 juin 1894). Douze ans plus tard, il rappelera cette proposition, adressée à son camarade de promotion Alfred Picard, Commissaire général de l'Exposition universelle, à l'occasion de la présentation de son propre appareil. (Le Temps, 24 avril 1908). 

 

Son retour d'intérêt pour la question de la vision à distance au début des années 1890 peut avoir été stimulé par les débats scientifiques et professionnels. Divers articles significatifs ont été publiés dans les années  précédentes dans les revues scientifiques et professionnelles françaises : Lazare Weiller a publié en 1889 un important article proposant le recours aux roues de miroir pour l'analyse des images ; le physicien E. Mathias a publié un état de l'art optimiste incitant les expérimentateurs à tenir compte des importants travaux des physiciens mais son collègue Marcel Brillouin lui a répondu avec une analyse beaucoup plus pessimiste et incitant à travailler d'abord sur la transmission des photographies L'ingénieur Max de Nansouty a quant à lui publié dans  Le Génie civil un article prospectif "La vision à distance" tenant compte des récentes découvertes sur la physiologie de l'oeil. A l'étranger également les propositions se multiplient : la téléphanie d'Henry Sutton (1890), la brochure d'Eduard Liesegang sur la télévision électrique (1891), les premiers succès d'Amstutz en matière de téléphotographie (1891). Après les annonces décues de l'Exposition universelle de 1889; les malentendus sur le kinetograph d'Edison, dont certains journaux ont laissé entendre qu'il s'agissait d'un appareil de vision à distance (1891) confirment les attentes du public. 

En 1891, le traité Physique populaire de Desbeaux contient un important chapitre sur le téléphote, richement illustré, qui amplifie l'imagination du public. Différents appareils sont proposés, sans faire de grand tapage, par des inventeurs amateurs au profil obscur : le 11 février 1893 Ch. Jacquiot-Constant a transmis à l'Académie des science une note sur un téléphotoscope. Deux semaines plus tard, le 25 février 1893, un certain Armand Suaire a déposé, en recourant aux services du cabinet Armengaud, une demande de brevet pour un système de transmission des images à grande distance, dit téléfacigraphe, qui malgré le caractère assez farfelu des spécifications, sera le premier brevet français sur le sujet. En 1897, le cabinet d'Armengaud Jeune s'occupera également du deuxième brevet français consacré à la vision à distance, celui du Professeur suisse François Dussaud. Armengaud signera en 1898 dans La Nature le principal article sur cette proposition d'appareil, dénommé téléoscope, article qui sera traduit ensuite dans le Scientific American Supplement. 

 

La proposition d'un concours sur la vision à istance n'a pas été retenue, à l'inverse de celle qu'Armengaud fera en août 1897 du fameux tapis roulant électrique. Commentant la proposition, le magazine La vie scientifique écrira le 5 mars 1895 :

Nous ne savons pas si la solution de ces problèmes intéressants est vraiment aussi proche propre, de sa réalisation que le croit l'auteur de la proposition En tout cas les organisateurs de l'Exposition pourraient être fiers de leur oeuvre si, grâce à leur initiative, cette fin de siècle voyait la découverte du téléphote, le complément tout indiqué et si précieux du téléphone.

 

Sur la vision à distance, l'Exposition se contentera d'organiser, dans le cadre du Congrès international de l'électricité, la conférence de Constantin Perskyi sur le problème de la télévisionPeut-être les archives nous indiqueront-elles un jour sir Armengaud a joué un rôle dans l'organisation de cette conférence, à laquelle on peut imaginer qu'il a assisté. 

 

Par ailleurs, on peut se demander si Armengaud n'a pas été impliqué dans la rumeur qui circule en Europe à partir de février 1898 sur une démonstration du télelectroscope de Jan Szczepanik comme "clou" de l'Exposition ? En 1897, il a fait partie du Comité exécutif du Premier Congrès international pour la protection de la propriété intellectuelle, qui s'est tenu à Vienne du 2 au 7 octobre 1897. Il est très actif durant ce Congrès, proposant notamment la création d'un enregistrement international des modèles et dessins.(Annuaire de l'Association internationale pour la protection de la proprité industrielle, 1897) Le brevet autrichien du Fernseher avait été accordé le 17 juillet 1897 à Szczepanik et à Kleinberg. Victor Karmin, ingenieur, propriétaire de l'agence H. Palm (Michalecki und Co.) qui été le mandataire autrichien de Szczepanik et Kleinberg participait au Congrès.  Armengaud peut donc avoir été alerté de son existence et être à l'origine de la proposition d'une démonstration à l'Exposition universelle, annoncée par le Wiener Reichwehr le 25 février 1898. Toujours est-il qu'il ne sera pas le mandataire de Szczepanik en France, qui confiera le brevet à son concurrent De Mestral. 

Co-fondateur de la Société de navigation aérienne et défenseur de la propreté de Paris

Au début du XXe siècle, stimulé par les expériences de Santos-Dumont, il s'intéresse à nouveau aux questions d"aéronautique, fait de nombreuses interventions à ce sujet et est un des fondateurs de la Société de navigation aérienne, dont il sera vice-président puis à partir de 1902, président. Il créé un prix d'encouragement qui porte son nom, ce qui est l'occasion de faire publier une notice biographique dans L'Auto-Vélo (11 janvier 1908) et un autographe dans La Revue aérienne (25 janvier 1909) Il publie en 1909 Le problème de l'aviation. Des annonces pour son cabinet sont régulièrement publiées dans le magazine L'Aérophile.

En 1907, il publie une brochure Nettoyons Paris, dans laquelle il s'insurge contre les papiers distribués par les colporteurs et jettés à même le sol par les passants, la multiplication des kiosques à journaux et des marchés en plein air. (Le Temps, 24 juin 1907) . "C'est surtout quand on revient de l'étranger et qu'on a vu avec quel soin sont entretenues les grandes artères des principales villes, comme par exemple Zurich, Bruxelles, Amsterdam, Hambourg, Berlin, qu'on éprouve, je ne le cache pas, un véritable sentiment d'humiliation en constatant le triste spectacle que nous offrent nos célèbres boulevards, surtout dans la partie la plus fréquentée, de la porte Sainl-Marlin à l'Opéra. » Le Polybiblion, (1907, p.85)" commentera "Un luxueux petit livre qui mérite l'attention, bien qu'il nous apparaisse tout de suite comme un grand coup de sabre dans l'eau, ce qui est profondément regrettable."

La construction d'un appareil de vision à distance (1908)

En 1908, il revient à la vision à distance en présentant son propre appareil dans le cadre de l'Exposition de physique organisée sous le nom de "Séance de Pâques" par la Société française de physique au siège de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, 44 rue de Rennes.

 .

Pour l'analyse, il propose de recourir à une décomposition de l'image en utilisant le principe du défilement des films cinématographiques. Comme l'explique Le Temps, la méthode consiste à mettre à profit le mécanisme ingénieux employé dans le cinématographe pour dérouler les bandes péliculaires d'un mouvement rapide et saccadé en vue de comoser et de recomposer l'image du sujet à transmettre.  Armengaud propose également de recourir à une multiplicité de cellules au sélénium pour contourner le problème de la lenteur de réaction du métalloïde. Son appareil a été construit dans le laboratoire de M. Echassoux, continuateur des activités de la Société Echassoux qui avait été spécilaisée dans la construction d'appareils de précision et de matériel photographique. 

 

Armengaud a visiblement tenu à maintenir le caractère expérimental de son appareil, en évitant l'optimisme tapageur de nombre de ses prédecesseurs. L'article de A. Troller paru dans La Nature et Scientific American ainsi que l'article du Temps soulignent que l'appareil, très complexe, doit être considéré comme expérimental et que le problème est loin d'être résolu.

 

La réception de cette annonce a été très limitée : seul quelques quotidiens français ont signalé l'appareil, certains le qualifiant de "curieux". Un télégramme du correspondant à Paris du Times indique que "Mr Armengaud firmly believed that within a year as a consequence of the advance already made by his apparatus, we shall be watching one another across hundreds of miles apart". (Burns, 1996, 196). La traduction article de Troller n'est parue dans le Scientific American Supplement que quatre mois après sa publication initiale, confirmant que l'appareil ne suscitait pas un enthousiasme excessif. Il n'a pa s été breveté, ce qui laisse penser qu'Armengaud ne croyait pas lui-même au potentiel commercial de son appareil. Mais le caractère monumental de l'appareil et le soin apporté dans les gravures de La Nature ont du ravir l'inventeur. Shelford Bidwell y a fait une allusion - qui paraît teintée d'ironie -, dans son article "Telegraphic Photography and Electric Vision", Nature, 4 June 1908.

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Président de l'aéro-Club

Il continue ses activités de soutien à l'aéronautique et en 1909 M. Armengaud jeune propose à ses collègues de la Commission scientifique de l'Aéro-Club de France, qu'il présida pendant plusieurs années, de faire, du sommet de la tour Eiffel, des lancements de planeurs au quart de grandeur d'exécution, qui permettraient de faire des études comparatives sur leur slabilité. 

 

Il fréquente  le Cercle militaire, à l'invitation du Général Georges Lebon. Le 13 mai 1908, il y fait une conférence "d'une précision parfaite" sur "une belle découverte qu'il a commencée et qu'il poursuit activement : celle de la transmission des images à distance" (La Plume et l'Epée juin 1908). A partir de 1909, il préside le Comité commercial franco-allemand, nouvel exemple de sa position influente dans les sphères du pouvoir de la IIIème République.

Le 16 juin 1909, à l'Hôtel des Réservoirs de Versailles, après une viiste du château, il lit pour les participants au dîner d'Eté de La Plume et l'Epée, une Epitre à Louis XIV de sa composition, dans laquelle il ne manque pas d'évoquer les ondes hertziennes et la vision à distance. (La Plume et l'Epée, juin 1909, pp.125-126)

I

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Exposition internatioonale d'électrciité de Paris (1881)

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Annonce dans Le Figaro, 26 janvier 1889

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L'hebdomadaire L'Electricité dont Armengaud Jeune préside le Comité de rédaction en 1894.

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Editorial de L'Electricité, 28 février 1885, attaquant Armengaud Jeune.

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Jules Armengaud, Conseiller municipal de Paris, v.1884

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Armand Picard, Commissaire général de l'Exposition universelle de Paris (1900)

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Un des schémas du brevet d'Armand Suaire (1893); enregistré via les setvices du cabinet Armengaud Jeune

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Illustrations de l'article d'Armengaud Jeune sur le téléoscope Dussaud, La Nature, 1898

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Annonce dans L'Aérophile, janvier 1909

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L'appareil d'Armengaud jeune (La Nature)

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Armengaud Jeune et son appareil (Le Journal, 26.4.1908)

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Le Petit Journal, 8 mai 1908

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L'Auto-Vélo, 11 janvier 1908. 

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Autographe d'Armengaud Jeune dans La revue aérienne, 25 janvier 1909

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"M. Argemngaud", Le Panthéon de l'Industrie,

15 février 1885

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Le Petit Journal, 16 janvier 1908

Armengaud Jeune, Le problème de l'aviation, Delagrave, 2ème édition, 1908 et édution s.d. 

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La Revue aérienne, 1909

Le hall central de l'Exposition internationale d'électricité (Paris, 1881)

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L'Électricien ser. 2 vol 36_0370 b.jpg

L'électricien, 24 novembre 1908

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(Le XIXe Siècle, 14 juin 1894).

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