En 1898, un architecte de Budapest, Henri Bauer, obtient un brevet français relatif à la transmission d'images
Lors de ma conférence "Coder la mosaïque" à l'Institut national d'histoire de l'art, le 2 mai 2023, j'ai cité le brevet de l'architecte de Budapest, Henri Bauer, pour un "télescope électromagnétique" comme un des trois premiers brevets attribués à un appareil de transmission des images par T.S.F.
Je m'étais simplement fié à la citation de ce brevet dans une liste de brevets relatifs à la "télégraphie hertzienne" établie par Albert Turpain, dans son livre Les applications pratiques des ondes électriques: télégraphie sans fil, Gauthier-Villars 1902. Turpain étant un des auteurs de référence du début du siècle en matière de télégraphie, je l'ai cru sur parole.
Le service des archives de l'INPI m'a aimablement transmis le texte du brevet.
La demande de brevet Télescope électromagnétique pour transmettre des écrits, des dessins, des images et des vues de toutes sortes à grande distance a été déposée le 12 mars 1898 et le brevet octroyé le 23 juin de la même année.
A sa lecture, il n'apparaît nullement que Bauer envisageait la transmission par voie hertzienne, au contraire, il mentionne que l'émetteur et le récepteur sont connectés "par un ou plusieurs fils". Comme beaucoup d'autres, sa proposition repose sur l'application des propriétés du sélénium. Des cellules sont disposées en spirale sur des disques ou des cylindres. L'affichage peut se faire via une lanterne magique, ce qui est peut-être l'aspect le plus original de la proposition.
Rien de bien neuf par rapport aux propositions précédentes. Le brevet d'Henri Bauer est le quatrième attribué en France pour un système de transmission d'images recourant aux propriétés photo-sensibles du sélénium, après le brevet délivré le 16 février 1881 au portugais Bento de Sousa Carqueja Junior, le 10 mars 1898 au Suisse Charles-Français Dussaud et le 28 avril 1898, à Jan Szczepanik et Ludwig Kleinberg, chacun pour un appareil de vision à distance. Il n'a pas eu d'écho à l'époque : je n'ai trouvé aucun article de presse ou de revue scientifique le mentionnant, si ce n'est dans les listes de brevets. Constantin Perskyi ne le cite pas dans l'état de l'art de son intervention au Congrès d'électricité du 24 août 1900. Il n'est cité dans aucun des ouvrages classiques sur l'histoire des origines de la télévision. Des recherches en Hongrie seraient nécessaires pour disposer de plus d'information sur l'inventeur.
C'est probablement le même Henri (Henry) Bauer qui a déposé en 1908 une demande brevet britannique, "New or Improved Telectroscope" et qui a reçu un brevet provisoire le 2 avril 1898 (E.P. 7939). (Cité in British Journal of Photography, 15 april 1898).
André Lange
5 mai 2023 ; mise à jour 20 mai 2024, 29 juillet 2024, 20 août 2024
Document aimablement transmis par le service des archives de l'INPI.