top of page

Affiche de promotion de la Physique populaire d'Emile Desbeaux (Source : BNF / Gallica)

transmetteur.jpg

Poste transmetteur du téléphone de Desbeaux. On notera la présence d'un diapason.

Emile DESBEAUX
"Le téléphote"
Extrait de Physique Populaire,
E. Flammarion, 1891, pp. 247-263

Émile Desbeaux, né le 5 septembre 1845 à Paris et mort le 7 août 1903 à Paris , est un dramaturge, auteur de romans pour la jeunesse, journaliste, publiciste et fut également directeur du Théâtre de l'Odéon. Il est connu du grand public pour ses livres de vulgarisation scientifique, en particulier son ouvrage Physique populaire, initialement publié par E. Flammarion en 1891 en tant que quatrième volume de la "Bibliothèque Camille Flammarion" et dont il existe diverses rééditions. Avec ses 508 figures et ses quatre aquarelles, l'ouvrage constituait un important projet éditorial et a eu une diffusion importante. 

Une recension du livre dans La Revue scientifique 27 décembre 1890) se terminait ainsi : "En résumé, le livre de M. Desbeaux est un"très bon livre, abordable, je ne dirai pas à tous, mais aux jeunes gens instruits qui ne sont pas spécialement destinés à être des mathématiciens ou des physiciens. Livre vraiment moderne, puisqu’il traite le merveilleux des temps modernes, c’est-à- dire ces grandes révélations de la science contemporaine qui, aujourd’hui, gouverne le monde. C’est un vrai livre d’étrennes, qui remplacera avec avantage les récits de voyages ou d’aventures qui commencent à devenir très monotones."

Le chapitre 6 est intitulé "Le téléphote", mais en réalité présente les différents instruments d'optique (lentilles, microscope, téléscope, lanterne magique, etc.), le téléphote étant l'appareil manquant que Desbeaux appelle de ses voeux. 

 

Nous extrayons ici les pages qui sont plus strictement relatives au téléphote. Elles sont particulièrement intéressantes car elles sont publiées moins de deux ans après l'article important de Lazare Weiller "De la vision à distance par l'électricité", dont la présentation d'un phoroscope et ses fondements théoriques (les propriétés photosensibles du sélénium, l'analyse  des oscillations par les diapasons de Lissajous) est proposée de manière simplifiée et plus accessible au public profane.

Après avoir rappellé les propriétés photosensibles du sélénium, Desbeaux explique la nécessité d'une substance permettant la recomposition de l'image en restituant les éclats et les couleurs. Il évoque la nécessité d'un électrophosphore et voit dans l'illuminator d'Ayrton et Perry une tentative de résoudre ce problème. Il présente ensuite les miroirs oscillants et les diapasons de Lissajous. L'article de Maurice Leblanc "Sur la transmission électrique des impressions lumieuses", qui, le premier a pris comme point de départ les analyses de Lissajous et a suggéré le recours aux miroirs oscillants, n'est pas cité, mais il s'inscrit très clairement dans sa lignée. Enfin Desbeau présente le phoroscope de Lazare Weiller avec, pour l'appareil récepteur, un téléphone manométrique. Curieusment, il fait l'impasse sur l'aspect de la proposition de Weiller qui va avoir un impact réel dans le développement de la télévision mécanique : la roue à miroir. 

Desbeaux conclut sa présentation en exprimant sa conviction que le problème de la vision à distance sera résolu. 

La présentation séduisante du téléphote par Desbeaux ne semble pas avoir convaincu les lecteurs de l'époque. Comme le remarque l'auteur de la recension publiée par La Revue scientifique

"Malheureusement, M. Desbeaux ne nous donne pas cet appareil ; il nous fait espérer qu'on l'aura un jour, et il fournit même quelques indications sur le principe qu'on pourrait appliquer pour répondre à ce desideratum, soit une transmission par la vibration du sélénium. Avec le téléphote, dit M. Desbeaux en terminant, nous pourrons voir au bout du monde en n'importe quelle contrée terrestre, résolvant ainsi le plus extraordinaire des problèmes!"

Quant à Anatole France, il consacrera, après la lecture du livre de Desbeaux au téléphote un article à la fois sceptique et ironique, en faisant cette remarque inquiète (...) "peut-être que les femmes ne seront pas jolies au téléphote"

A.L. 5 août 2024, 8 septembre 2024

desbeaux.jpg

Emile Desbeaux (1845-1903)

récepteur.jpg

Poste récepteur du téléphote

avec téléphone manométrique (imaginé par Desbeaux d'après Lazae Weiller)

France 3.jpg

Extrait de l'article d'Anatole France, "Le Téléphote", Le Matin, 27 décembre 1890

Source :BNF / Gallica

bottom of page