HISTOIRE DE LA TELEVISION
(et de quelques autres médias)
Site édité par André Lange

Eugen Frikart est un inventeur suisse qui travaillait à Mulhouse, ville alsacienne qui faisait alors partie de l'Empire allemand. Il a obtenu plusieurs brevets en Allemagne, en France et aux Etats-Unis relatifs aux machines à vapeur et au perfectionnement des métiers Jacquard. 

 

En 1906, Frikart a obtenu un brevet allemand sur une méthode de téléphotographie électrique sans fil.  Korn et Glatzel soulignent l'importance de ce brevet et consacrent trois pages de leur Handbuch der Phototelegraphie und Teleautographie. A la différence des autres brevets de la période (Henry Braun, Guliermo de Guillen Garcia, Gregorio Pansa) qui cherchent à transposer en transmission sans fil le principe de la téléautographie classique, Frikart recourt aux propriétés photosensibles du sélénium. Arthur Korn, qui avait mis au point depuis 1902 un appareil fonctionnel de transmission des images par fil recourant au sélénium a dû être particlièrement intéressé par cette proposition. 

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Aux fins de la transmission, l'image est décomposée par le dispositif émetteur en points de taille égale, qui sont regroupés plus ou moins densément par unité de surface en fonction des zones sombres et claires de l'image. L'image réalisée sous forme d'un film transparent est déposée sur le tambour 2 puis éclairée point par point  par une source lumineuse 5 déplaçable latéralement pendant que le tambour tourne en continu. Après avoir traversé le film, la lumière tombe sur une cellule au sélénium 6, ce qui provoque la génération des valeurs de luminosité des pixels individuels dans le circuit local formé par la batterie 8 et le capuchon 9. (Graphique ci-contre)

 

L'image est reproduite sur un cylindre équipe d'un stylet traceur. ​Bien entendu, les cylindres de l'appareil émetteur et de l'appareil récepteur doivent avoir exactement la même vitesse de rotation. Celle-ci est également réglée électriquement sans l'utilisation de conducteurs métalliques. 

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Le dispositif récepteur enregistre également l'image transmise directement sur papier, sans processus chimiques, en une ou plusieurs copies en même temps.

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Le journal Der Bund  (26 septembre 1907) énonce les  avantages de l'appareil : "Il est donc possible, par ex. de transférer une image ou une écriture manuscrite de Berne à Berlin ou toute autre endroit en cinq minutes sans utiliser de ligne. La transmission peut bien entendu avoir lieu à tout moment de la journée, car aucun effet optique n'est utilisé pour la transmission. Il est également possible de transmettre les images à des récepteurs spécialement conçus pour l'émetteur. Quels énormes avantages cette invention aurait-elle pour les communications entre le continent et les navires, notamment pour la police ! Des photographies pourraient encore être envoyées aux navires qui ont déjà quitté la terre ferme depuis quelques jours ; les dirigeables peuvent transmettre les photographies les plus précises des forteresses ou des positions des troupes aux commandements à n'importe quelle distance. (...) Même si cette invention doit encore surmonter diverses difficultés dans la pratique, elle fera néanmoins date par sa subtilité. ouvrant de nouveaux avantages aux transports modernes, dignes de s'associer aux dernières inventions importantes."

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Korn et Glatzel sont cependant sceptiques quant aux possibilités d'obtenir des résultats pratiques. Selon eux, les transmissions sans fil avec du sélénium dans l'émetteur sont bien  possibles mais la mise en œuvre pratique de cette méthode se heurte à des difficultés considérables, de sorte qu'il est peu probable qu'elle ait une quelconque signification pratique à côté de la méthode teleautographique.

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L'appareil a été mentionné dans quelques articles de la presse suisse et de la presse états-unienne. Le Chicago Tribune traite Eugen Frikart de "nouveau héro" de la phototélographie électrique. Mais l'appareil n'a pas fait l'objet de démonstration et sera vite oublié, si ce n'est par Korn et Glatzel.

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Réagissant à l'annonce du téléphotographe de Semat, Frikart adresse une lettre au Neue Zürcher Zeitung., publiée le 22 août 1909  "Je voudrais mentionner à ce stade que j'ai utilisé ce mouvement et cette régulation des deux rouleaux, celui de l'émetteur et celui du récepteur, il y a plusieurs années sur mon appareil de transmission électrique d'images à longue distance. Le rouleau du récepteur est légèrement en avance sur le rouleau de l'émetteur et s'arrête un instant à chaque tour jusqu'à ce que le rouleau de l'émetteur, lorsqu'il atteint la même position, supprime cet obstacle. La transmission de l'image ainsi que le réglage de l'appareil s'effectue dans mon appareil selon le principe de la télégraphie sans fil et m'a été offert par le Kaiser dès 1906. Office allemand des brevets (D. R. P. n° 190464). Le transfert de l'image s'effectue par dissolution de l'image en points plus ou moins densément regroupés, qui, une fois transférés vers l'appareil récepteur, sont à nouveau combinés en une image identique à l'originale à l'aide d'un ustensile d'écriture. A ma connaissance c'est le premier brevet pour la photographie à distance sans fil." En qui Frikart se trompait : les brevets de Wolfke (1898),  Kuster (1898), Greville-Williams (1900), A.A. Polumordvinov (1900), Henry Braun (1903), Gregorio Pansa (1904) étaient antérieurs, à défautt d'être plus opérationnels.

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