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L'hypothèse de Carlo Mario Perosino pour transmettre des photographies par téléphotolégraphe à un fil (Mars 1879)
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Le telefotografo ad un filo de C.M. Perosino,

L'Illsutazione italiana, 1 Giugno 1879

L'appareil de télégraphie à un fil de C.M. Perosino, conservé au Museo della Radio e della Televisione (RAI) à Turin.

Le telefotografo ou telettroscopio de Carlo-Mario Perosino (1879) : le premier dessin d'un appareil permettant la transmission de photographie d'objets (Coll. A. Lange)

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La salle des mapemondes de l'Académie des Sciences de Turin. C'est probablement dans cette salle que le Prof. Basso a donné lecture de la note de C.M. Perosino sur le téléphographe à un fil.  Photo Francesca Melano.

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Schema du telegrafo ad un solo filo de C.M. Perosino

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Th. Du Moncel, Le microphone, le radiophone et le phonographe,  Hachette, 1882., p. 209

Carlo-Mario Perosino, un "inventeur" bénéficiant d'une reconnaissance académique

    

L'article "Su d'un telefotografo ad un solo filo",  publié en mars 1879 dans les Atti della R. Accademia delle scienze di Torino par Dott.Carlo Mario Perosino, Professeur de physique au lycée royal de Mondovi (Piémont),  est la première contribution italienne connue à la préhistoire de la télévision. Elle a été lue par le mathématicien Giuseppe Basso (1842-1895), professeur à l'Académie militaire de Turin, qui  dans les années 1880, avait publié divers travaux sur la théorie de la lumière lors de la séance du 23 mars de l'Académie des sciences de Turin.

 

On sait peu de chose de Carlo Mario Perosino. La Biblioteca nazionale de Florence conserve divers ouvrages d'enseignement de la chimie, physique, de la minéralogie et de la télégraphie Morse, publié à Turin entre 1896 et 1920 par un Carlo Perosino, qui est probablement le même personnage.

 

Le parrainage académique dont bénéficie Perosino mérite d'être souligné car il contraste avec la solitude perceptible de George R. Carey, d'Adriano de Paiva et de Constantin Senlecq, dont les contributions sont publiées pour l'un dans un magazine de vulgarisation technique et pour les deux autres à compte d'auteur.

Dans L'Illustrazione italiana du 1er juin 1879, un des amis de Perosino, G.C. Carbone a publié un portrait pittoresque de Perosino, jeune père de famille, plaisantant sur le fait qu'il a mis au point un appareil qu'Edison n'est pas capable de concevoir. 

Carlo Mario Perosino est décédé en avril 1906.

Résumé de la brochure (traduction de la notice parue dans La Gazetta ufficiale del Regno d'Italia, 30 Aprile1879)

L'auteur, rappelle quelques phénomènes de relation entre la lumière et l'électricité, et surtout le fait que le sélénium, chauffé à environ 210", si on le laisse refroidir lentement, est un bien meilleur conducteur d'électricité lorsqu'il est éclairé que lorsqu'il est dans l'obscurité.

 

Il propose une appareil, basé sur ce constat et appelé par lui téléphotographe, destiné à produire à distance des images des objets qui lui sont présentés.
 

Il se compose d'un émetteur et d'un récepteur. Le premier est composé d'une camera oscura dont le fond est constitué d'une plaque métallique de sélénium sur sa face antérieure, et communiquant avec un fil conducteur
isolé, ou fil de ligne, le long duquel se déplace alternativement, dans les deux sens, une pointe en platine, communiquant avec le pôle positif d'une batterie, dont le pôle négatif est mis à la masse, pour pouvoir ensuite parcourir de nombreuses lignes horizontales distantes les unes des autres d'un cinquième de millimètre. Le récepteur est constitué d'une plaque métallique communiquant avec le fil de ligne dont une face est recouverte de papier imbibé de cyanure jaune de fer et de potassium, et le long duquel circule, de manière synchrone à celle de l'émetteur, une pointe en platine communiquant avec la terre de telle manière qu'elle se déplace également, de manière synchrone avec elle, également avec de nombreuses lignes parallèles espacées de 115 mm.

 

Tant que la pointe de l'émetteur touche des points de sélénium non éclairés, le courant ne passe pas dans le fil de ligne, et les points également situés touchés en même temps que ceux du récepteur restent blancs ; au lieu de cela, quand celle-co circule sur des points de sélénium éclairés, le courant traverse le fil et la pointe du récepteur marque les points homologues à ceux sur lesquels  est passé au même moment où l'appareil donne une image négative de l'objet qui lui a été présenté.

Enfin l'anteur indique quelques autres dispositions possibles que l'on peut donne aux deux parties du dispositif, et qui permettent d'obtenir des images négatives ou positives de l’objet, en utilisant du papier chimique ou tracé à l'encre.

 

Un auteur bien informé

 

L'article démontre une bonne connaissance des travaux antérieurs sur la lumière (en particulier les travaux de Becquerel) ainsi que sur le sélénium (menés notamment par Adams et par les frères Siemens). Perosino inscrit également sa proposition dans la lignée des premiers travaux sur la transmission télégraphique d'images (Bain, Caselli, Meyer). Notons également que Perosino utile le terme de telelettroscopio, probablement dérivé du terme français télectroscope lancé par Louis Figuier en 1878 et repris dans divers articles parus fin 1878-début 1879 sur le télectroscope de Constantin Senlecq

 

Le premier schéma d'un télectroscope 

 

Perosino est bel et bien le premier à publier un schéma d'un télectroscope : de Paiva n'en publiera aucun, les schémas de George R. Carey (conçus à partir de janvier 1877) ne publiera les siens que deux mois plus tard (The Operator, 1st June 1880, Scientific American, 5 June 1880) et les premiers graphiques de Senlecq n'apparaissent que le 5 février 1881 dans The Electrician. 

Perosino se contente de dessiner le modèle en précisant que "sa construction exigerait beaucoup de soins et de dépenses, et peut-être ne pourrait être réalisé chez nous". Le Museo della Radio-Televisione de Torino (RAI) possède un exemplaire d'un telefotografo attribué à Perosino. 

 

Le système n'a pas la prétention de transmettre des images animées, mais uniquement des images fixes.  En ce qui concerne la réception, le système est très proche des différents systèmes autographiques déjà connus  (Bain, Meyer, Caselli, Bidwell), où une aiguille reproduit les traits captés, la synchronisation étant assurée par un mouvement d'horlogerie. Mais, comme celui de Senlecq, le système de Perosino suppose la transmission d'une image captée en chambre noire, à la différence des méthodes de captation graphique utilisées précédemment. Les variations d'intensités lumineuses sont captées par une lamelle métallique, située dans la chambre noire (C) et couverte de fines couches de sélénium. Les lamelles transmettent ces variations d'intensité vers une cassette (B) qui communique par le biais du mouvement d'horlogerie (M) les mouvements qui vont permettre les variations de position du traceur. 

Notoriété internationale de la contribution de Perosino

   

La contribution de Perosino sera  rapidement connue en Europe :  elle sera citée dans la revue berlinoise Beiblätter zu Wiedemann's Annalen, N.8, 1879, dans un entrefilet du Journal télégraphique du 25 mars 1880, dans l'article "Voir par télégraphe" du Rappel, le 28 mars 1881.. Adriano de Paiva la reproduit dans sa brochure La télescopie basée sur l'emploi du sélénium, Porto, 1880 et Th. du Moncel le commente dans son article "Transmission électrique des images", La Lumière électrique, Paris, 9 avril 1881. Le correspondant scientifique du Figaro, le Dr. P. Duverney, y fait également allusion dans son article prospectif "Le diaphote" du 26 mai 1880.

Il semble avoir également avoir été connu aux Etats-Unis. Il est brièvement évoqué, en parallèle avec un Dr. Licht (problement le Dr. Licks du canular du diaphote) par About Helena Weekly Herald, hebdomadaire d'Helena dans le Montana, le 10 février 1881, The Corvalis Gazette, hebdomadaire de Corvallis dans l'Oregon le 11 mars 1881 et dans The Bonnier Banner, hebdomadaire de Bellevue en Louisiane, le 7 avril 1881. De telles citations dans la presse locale laissent supposer une source commune dans un journal new yorkais.

Notons enfin que la Bibliothèque de l'Académie des Sciences de Turin est une des rares en Europe à posséder un exemplaire de la brochure d'Adriano de Paiva, ce qui laisse supposer soit que le professeur portugais l'a envoyée en hommage à son collègue italien, soit que celui-ci menait une "veille technologique" précise.

Les principaux historiens des développements techniques de la télévision (Korn/Glatzel, Shiers, Abramson, Burns) citent brièvement la contribution de Perosino, associée à celle de Carey, de Paiva et Senlecq. 

André Lange, 27 février 2003. Révision décembre 2017, 27 mai 2024

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La Stampa 21 4 1906.png

Remerciements de la famille après les funérailles du Prof. Carllo Mario ¨Perosino, La Stampa, 21 Aprile 1906

The Bonnier Banner, hebdomadaire de Bellevue en Louisiane, le 7 avril 1881.

Bibliographie

"Accademia delle Scienze di Torino"; in Gazetta Ufficiale del Regno d'Italia, 30 Aprile 1879 p.1721 

"Instituto Lombardo di Scienze e Lettere, Adunanza del 23 Marzo 1879", Gli Studi in Italia; periodico didattico, scientifico e letterario anno. 2:v.2,1879, p.802

BASSO G., al nomo di PEROSINO C.M., "Telegrafo ad un solo filo", Atti della Reale Accademia delle scienze di Torino v.14 1878/79, pp. 574-585   Version html 

Version JPEG avec schémas

CARBONE G.C., "Il telefotografo Perosino", L'Illustrazione Italiana, 1 Gugnio 1879, p.347

VIMERCATI G., "Il telefotografo Perosino" in Annuario scientifico ed industriale Anno 16, pt. 3, 1879, pp.1183-1186

G.W. (G. WIEDEMANN), Recension in Beiblätter zu den Annalen der Physik v.3 1879, p.656

Entrefilet du Journal télégraphique du 25 mars 1880

DE PAIVA A.,  La télescopie basée sur l'emploi du sélénium, Porto, 1880 

DU MONCEL,Th. "La télescopie électrique", La Presse industrielle, 15 novembre 1880

 

DU MONCEL Th. "Transmission électrique des images"La Lumière électrique, Paris, 9 avril 1881. 

 

DUVERNEY P. "Le diaphote", Le Figaro, 26 mai 1880.

The Bonnier Banner, hebdomadaire de Bellevue en Louisiane, le 7 avril 1881.

DU MONCEL, Th. Le microphone, le radiophone et le phonographe,  Hachette, 1882., p. 209

F.RIBELLI e A.SCUDELLARI, "La storia della televisone al Museo della Radio e Televisione", Elettronica e Communicazione, n°3 Dicembre 2001.

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