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Le telepantograph de Rupert Greville-Williams (1895-1901)
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Image reçue au telepantograph

(Source : Electrical Age, 1900)

Chambers's Journal  28 5 1898  Vol 1 Iss 26.png

"Sketches by Telegraph
Chambers's Journal, 28 May 1898

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"The Telepantograph",

Manchester Courier, 13 May 1901

Rupert Greville-Williams, chimiste spécialisé dans les couleurs, était le fils de Charles Greville Williams (1829-1910), lui même chimiste de renom. Il est le 30 septembre 1855 à Glasgow. Il avait travaillé à Londres puis à New York pour l"entreprise de chimie Williams Bros. Durant son séjour de quatorze ans aux Etats-Unis, il s'edst spécialsié dans les colorants à l'aniline et a obtenus divers brevets à leur sujet. Il revient ensuite en Angleterre et s'établit à Heywood, où il développa diverses activités dans le domaine de la chimie. Il s'est également inétressé à la question des bateaux à vapeur roulants (rolling streampboats)

Le telepantograph 

 

Rupert Greville-Williams a obtenu en 1895 deux brevets pour un appareil de transmission par fil de dessins, photographies et documents qu’il a baptisé Telepantograph.

Cet appareil s’inscrivait dans la lignée des appareils de Bain, Bakewell et d’Arlincourt, mais avec une qualité de résultat annoncée comme supérieure.

 

Le dessin ou la photographie doit être découpé en points ou en lignes comme pour un travail de procédé ordinaire – et est exprimé à l’encre résineuse sur une feuille de cuivre. Cette feuille est courbée et fixée à un cylindre qui, en tournant, est traversé par une pointe, le mouvement étant à peu près le même que celui d’un tour à vis. La surface étant conductrice et l’encre isolante, le courant est interrompu chaque fois que la pointe passe sur un point ou une ligne, et ces interruptions, agissant sur un mécanisme similaire à l’extrémité réceptrice, font intervenir un stylet ou une plume qui reproduit le dessin original.  

L'avantage mis en avant du télépantographe par rapport d'autres systèmes de transmission d'images contemporains est que le procédé est mécanique, ne nécessitant aucune manipulation chimique et par conséquent aucune perte de temps.

Le West-End, une publication londonienne, présentait le télépantographe de la manière suivante :

« Nous pouvons imaginer qu'à l'avenir chaque bureau de poste détiendra un télépantographe, qui sera placé à côté de l'instrument télégraphique ordinaire et branché sur le même fil utilisé pour la télégraphie ordinaire. Sur le système duplex actuellement utilisé, les deux machines pourraient fonctionner sur le même fil en même temps sans que leurs messages respectifs soient affectés de quelque façon que ce soit. Le coût des nouvelles peut être considérablement réduit si l'on a recours à la télégraphie en sténographie, car un message écrit sur une feuille de métal en sténographie est aussi facilement transmis qu'un message dans lequel des mots sont utilisés. »

 

Commentant le domaine d'utilité de l'invention  l'article continuait : 

« On ne peut douter que le télépantographe se révèlera d'une grande valeur dans de nombreux domaines différents. Nous n'avons de place que pour en évoquer quelques-uns. Le correspondant spécial d'un journal pourra, grâce à son aide, envoyer à l'imprimerie des esquisses, des diagrammes, des photographies, etc., d'événements se produisant dans toutes les parties du monde, car partout où passe le fil télégraphique, le télépantographe trouvera une sphère d'action. Des images d'une grande bataille en Égypte, en Chine ou dans n'importe quelle partie de l'Amérique pourraient alors être envoyées par les artistes de guerre (war artists), et le lecteur trouverait dans son journal du soir des croquis d'une bataille livrée quelques heures auparavant. Tout cela semble indiquer que le journal de l'avenir sera beaucoup plus abondamment illustré que le journal d'aujourd'hui ; dans notre journal quotidien, nous trouverons alors des photographies, des croquis et des images illustrant des événements qui se sont déroulés dans les quatre coins du globe la veille seulement.

 

Pour les détectives et les forces de police, le télépantographe sera un allié utile, car dans le cas où un condamné serait « requis », sa fausse présentation pourrait être télégraphiée dans tout le pays, de sorte que, quelle que soit la rapidité avec laquelle il arriverait dans un port avec l'intention de prendre un bateau pour quelque pays étranger où son portrait ne serait pas publié, mais celui-ci serait là avant lui et il serait immédiatement reconnu et capturé.“

 

Le journal new yorkais Electricity semblait rapportait : "En ce qui concerne la praticabilité de cette méthode de transmission d'images et de messages, il est affirmé que de nombreux experts télégraphiques en Angleterre sont d'avis que le télépantographe a produit des résultats pratiques jamais obtenus auparavant"

Une société d'exploitation la Telepantograph Syndicate Limited a été enregistrée le 3 juillet 1899, avec un capital de 10 000 £ en actions de 10 £, pour conclure un accord avec R. Greville Williams et pour exercer toute activité directement ou indirectement liée à la fourniture et à l'utilisation d'électricité, et en particulier pour établir et maintenir un système d'échanges téléscopiques et de communication téléantographique.

L'apapreil a été testé pour la première fois par le Manchester Courier et le Evening Mail. Un artiste assistait au Hunter's Show à l'Agricultural Hall de Londres et a réalisé un dessin. Celui-ci a été transmis en dix-huit minutes à Manchester. La gravure a pris douze minutes et dix minutes plus tard les plaques étaient fixées et prêtes pour l'impression. Le British Printer écrivait "Un tel soutien à la distribution rapide des nouvelles est certainement un des développements de valeur et intéressant de l'ingéniosité scientifique contemporaine". 

Le chroniqueur scientifique du Magasin pittoresque  Albert Reyner semble être le seul en France à s'être intéressé au système et  reconnaît à l'appareil de Greville-Williams une certaine suppériorité par rapport au système concurrent, l'Electrograph des inventeurs américains Herbert Palmer, Thomas Mill et Dan Lamy.

Une version pour la transmission sans fil

 

Le 2 mars 1900 Rupert Greville-William a déposé une demande de brevet qui a été acceptée le 7 avril 1900. Il s'agissait du troisième brevet proposant un système de transmission des images par voie hertzienne, après celui du polonais M. Wolfke et celui de l'allemant Max Küster.

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Posté émetteur du telepantohraph

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Poste récepteur du telepantograph

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Dessin d'un match de boxe transmis par le telepantograph. The Manchester Courier

3 April 1901

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Le suicide de Rupert Greville-Williams

 

Censé être utilisé pour transmettre des images à la presse, cet appareil n’a pas eut d’exploitation véritable. La version pour diffusion hertzienne est passée inaperçue dans la presse. Korn et Glatzel sont les seuls historiens à la mentionner dans leur Handbuch der Phototelegraphie und Teleautographie (1911), ce que ne feront ni Shiers, Abramson ou Burns. 

Le manque de succès de l'appareil a conduit l'inventeur au suicide. Son corps a été retrouvé le samedi 1er mars 1902 dans une serre près de sa résidence à Heywood. Il s'était apparemment tiré une balle dans la tête avec un revolver. SelonThe Electrical Engineer (7 March 1902); il a été  rapporté qu'en plus de l'anxiété et de la déception qu'il avait récemment éprouvées à cause de son invention,  Greville-Williams souffrait de névralgie aiguë. "Le coroner a déclaré qu'il connaissait le défunt. C'était un homme très brillant, et il n'aurait pu se suicider que dans un moment de folie."

Bien que n'ayant jamais été opérationnel, le système de Greville-William a laissé quelques nostalgiques. Dissertant sur les progrès de la téléphotographie, Thomas Bolas, le chroniqueur technique de The Amateur Photograph écrivait le 14 mai 1907 : "Un exemple bien connu de transmission télégraphique rapide d’un croquis pour un travail de journal a célébré le vingtième anniversaire de la démonstration de téléphotographie de Bidwell à la Roval Institution, lorsque le Manchester Evening Mail du 12 mars 1901 a publié une photo du jugement au Hunters’ Show de Londres, un événement qui a eu lieu le même matin. Les heures indiquées sont les suivantes : — Par fil privé au bureau de Londres, 11 h 30. Reproduction complète à Manchester, 11 h 48. Imprimé à 10 heures. Ce record n’a pas été battu, pensons-nous. L'appareil utilisé dans ce cas était le télépantographe de R. Greville Williams, un appareil aussi bien adapté à l'envoi de croquis, qu'ils soient en ligne ou en tons, que de photographies, et devant moi au moment où j'écris, j'ai une photographie transmise par le télépantographe, et cette photographie est vraiment nette et satisfaisante. J'ai suivi de près les diverses modifications, développements et développements de l'appareil téléphotographique de Bidwell de 1881, mais je ne pense pas qu'en termes de mérite général et de portée étendue, aucun appareil n'ait égalé le télépantographe de M. Greville Williams ; pourtant, malgré ce succès et d'autres, il semble qu'il n'y ait pas eu suffisamment de demande d'illustrations juste avant l'heure du train pour inciter les directeurs de journaux à engager normalement les dépenses de télégraphie des illustrations, bien que dans quelques autres cas que je pourrais mentionner, cela ait été fait."

André Lange, 25 décembre 2024

Bibliographie

  • Article dans la West End Review, August 1899

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