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Victor MEUNIER, Note sur le télectroscope, 
25 janvier 1879
Victor MEUNIER, "Causerie scientifique", Le Rappel, 25 janvier 1879
 

 


 Victor Meunier, un journaliste révolutionnaire

   

La présente note de Victor Meunier sur le télectroscope est publiée en annexe de la brochure de SENLECQ, C., Le télectroscope, 1881, pp. 17-19. Il s'agit en fait d'un extrait d'un article de Victor Meunier, paru sous le titre "Causerie scientifique" dans Le Rappel, le 25 janvier 1879 et qui constitue la première mention publique de la proposition de Constantin Senlecq. 
 
Victor Meunier était  journaliste scientifique et politique. Socialiste utopiste, il se fit notamment remarquer par la publication de
Jésus-Christ devant les conseils de guerre (1848) et par sa polémique avec Raspail (1879). Il collabora notamment à divers journaux d'opinion (L'Opinion nationale, L'Avenir national, Rappel, organe fondé par la famille de Victor Hugo...). Dans le domaine scientifique, il publia le cours d'astronomie d'Arago (1836), collabora à l'ouvrage de Les ballons dirigeables de Gaston Tissandier (1872), publia Galerie scientifique et industrielle, biographies et descriptions (1861),  deux volumes sur L'Avenir des espèces (1886).  Il collabora également à l'hebdomadaire Journal pour tous, Magasin hebdomadaire [puis littéraire] illustré qui fut publié à Paris entre le 7 avril 1855 et le 8 juin 1878.

Senlecq ne mentionne pas une éventuelle publication de cette note de Meunier, de toute évidence écrite pour le feuilleton d'un journal ("ce que nous nous souvenons d'avoir enregistré ici"). Il est possible que Meunier ait préparé sa note pour une parution dans le Journal pour tous, qui avait cessé de paraître le 8 juin 1878 ou pour le Journal de la semaine qui absorba cette publication.

L'article "Voir par le télégraphe", qui paraît dans Le Rappel, le 25 mars 1881 et qui fournit, sur un ton un peu ironique, un bon état de la question des travaux sur la vision à distance, peut, sans trop de doutes, être attribué à Victor Meunier. C'est un des rares articles mentionnant l'article de Maurice Leblanc, "Etude sur la transmission électrique des impressions lumineuses", qui était paru le 1er décembre 1880 dans la revue La Lumière électrique.

André Lange, 2002. Révision, 5 juin 2023, 4 août 2024

"Autre merveille... - Quand il y a quelques années on annonça, ce que nous nous souvenons d'avoir enregistré ici, que le sélénium, corps simple, très analogue au soufre, suivant qu'il est éclairé par une lumière plus ou moins vive, conduit plus ou moins bien l'électricité, qui s'est douté alors qu'une telle particularité nous réservait ce qui va suivre ? Et voilà bien la preuve qu'en matière scientifique, jamais on ne doit dire : "A quoi bon !". Grâce au téléphone et au microphone, l'acuité de notre ouie et la portée de notre voix n'ont en principe plus de limites - Le phonographe fait plus encore, puisqu'il nous fera parler de vive voix à la postérité. Eh bien ! avec cette propriété du sélénium, notre vue va se trouver à peu près aussi avantagée que le sont l'oreille et la langue; nous aurons le spectacle de ce que nous ne pouvons voir, et sans être en plusieurs lieux à la fois, comme les petits oiseaux dont parle Tertullien, (ce qui n'a été donné qu'à ces volailles et à un certain nombre de saints), nous pourrons assister dans le même instant aux scènes qui se passeront en un nombre quelconque d'endroits aussi écartés qu'on le voudra les uns des autres.

   

"Décrivons :

   

"Soit au poste transmetteur une chambre noire ; au foyer de celle-ci une glace dépolie, et enfin une pointe de sélénium, susceptible de parcourir la surface de la glace ;

   

"Soit au poste récepteur une feuille de papier, et s'appuyant contre celle-ci un crayon très-mou susceptible, lui aussi, de se promener à la surface du papier ;

   

"Soit enfin entre les deux une communication téléphonique ;

   

"La pointe de sélénium, maintenue par deux ressorts faisant pince et reliés, l'un avec la pile, l'autre avec la ligne, forme le circuit. Le crayon est relié à une plaque très mince de fer doux, maintenue à peu près comme les téléphones de Bell, et qui, l'appareil étant en activité, vibre devant un électro-aimant, que gouverne le courant irrégulier émis dans la ligne.

   

"Voyons-le en activité.

   

"La pointe du sélénium glisse sur la glace dépolie où se peint d'elle-même la scène que l'on veut transmettre, et, chemin faisant, rencontre des surfaces plus ou moins éclairées. - Parcourt-elle une surface éclairée, le courant augmente d'intensité, l'électro-aimant attire avec plus de force la plaque vibrante, et le crayon exerce une moindre pression sur le papier ; le trait formé est donc peu ou point apparent. Le contraire se produit si la surface est obscure ; car la résistance du courant augmentant, l'attraction de l'aimant diminue, et le crayon, pressant le papier davantage, y laisse un trait plus noir.

   

Tel est le principe de l'invention. A quand maintenant le premier des polyramas nouveaux auquel elle ne peut manquer de donner naissance ? C'est ce que je saurais dire. - L'auteur est M. Senlecq d'Ardres".

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Victor Meunier par andré Gil, Les Hommes d'aujourd'hui, 1880

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