L'hypothèse de William Lucas : le balayage par recours aux prismes de Nicol
W.L. [William LUCAS]
"The Telectroscope, or 'Seeing by electrictity'",
English Mechanic and World of Science,
n°891, 21 April 1882, pp.151-152.
William LUCAS, "The Scanning Principle in Television", Nature, 27 June 1936
L'auteur de l'article signé W.L. paru dans English Mechanich and World of Science en avril 1882 s'est identifié cinquante-quatre ans plus tard en écrivant, en juin 1936, une lettre au magazine Nature : il s'agit d'un certain William Lucas, qui revendique ainsi la priorité dans la conception du principe de balayage (scanning).
Réagissant, en avril 1882, aux propositions de Senlecq et de Bidwell, W.L. propose une nouvelle méthode de balayage de l'image, utilisant une paire de prismes ordinaires achromatiques, un placé à la verticale et l'autre à l'horizontale. W.L. reconnaît qu'il n'a pas expérimenté le procédé qu'il décrit. Comme le remarque Burns, l'idée de prismes en rotation comme méthode de balayage a séduit par la suite divers inventeurs et de brevets exploitant cette idée ont été obtenus par Jenkins, Zworykin, Vorobieff, Westinghouse et de Wet.
L'autre originalité de W.L. est de proposer de recourir à une paire de prismes de Nicol pour moduler la lumière d'une source fixe suivant les variations de luminosité vers la cellule photoélectrique de réception.
Rappelons qu'un prisme de Nicol permet d'obtenir la polarisation de la lumière. Le dispositif, formé de deux lames de spath d'Islande, accolées avec une résine, qui élimine par réflexion le rayon ordinaire obtenu par biréfringence. Seul est donc conservé le rayon extraordinaire polarisé de manière rectiligne et contenu dans le plan de section principale du prisme. Si l'on place deux prismes de telle façon que leurs plans de section principale fassent un angle droit, aucune lumière ne les traverse.
W.L. pensait que le déplacement angulaire de l'un des prismes pourrait être activé par un électro-aimant qui serait lui-même opéré par les courants électrique modulés de la cellule photoélectrique. Selon Burns, une telle idée n'a jamais été démontrée expérimentalement, mais l'hypothèse de W.L. peut avoir stimulé la réflexion de Nipkow, qui deux ans plus tard, proposera d'interposer une cellule de Kerr entre deux prismes de Nicol croisés, en vue d'obtenir le même effet. Le téléphote de Georges Rignoux (1906-1915), premier système de télévision mécanique opérationnel (de manière très limitée) utilisera lui aussi des prismes de Nicol.